Carrière et Transmission Familiale avec Éric Rodrigue
Bonjour Éric ! Pour que nos lecteurs apprennent à mieux te connaître, pourrais-tu te présenter brièvement ? i.e poste actuel, expériences passées, nombre d’années en poste chez Nucleom…
Bonjour Hélène ! Alors je suis Éric Rodrigue, Directeur des Opérations chez Nucleom pour la province de Québec. Je travaille chez Nucleom depuis environ 4 ans et demi, presque 5. J’ai 23 ans d’expérience dans le métier. J’ai commencé tout en bas de l’échelle comme helper et j’ai gravi les échelons au fur et à mesure. J’ai donc été Aide Technicien, puis Technicien dans la radiographie ou j’ai obtenu mes cartes de niveau 2. Au bout de 9 ans, j’ai changé d’entreprise pour être Inspecteur dans une fonderie (2 ans), après quoi j’ai travaillé dans diverses industries (mines, pipelines). J’ai ensuite occupé des postes de Superviseur et de Directeurs des Opérations. Grâce à mon parcours, j’ai une certaine compréhension des enjeux du terrain et de l’environnement dans lequel évoluent les techniciens.
Quel est ton parcours- autrement dit- as-tu suivi une formation spécifique au NDT ? Savais-tu, avant de te lancer dans une carrière dans le NDT, que tu souhaitais t’orienter vers ce secteur d’activité, ou y es-tu tombé par hasard ?
Je suis arrivé dans le NDT totalement par hasard – je ne connaissais pas ce secteur d’activité – l’histoire est très drôle. Ma sœur avait son copain qui travaillait dans une compagnie de NDT. Le soir de Noel 1999, il m’a fait part qu’il avait besoin d’un helper et il m’a proposé de venir avec lui à Montréal. À ce moment-là, je travaillais comme gardien de nuit dans un hôtel depuis plus de 1 an et je ne savais pas ce que je voulais faire. J’ai donc quitté ma job et je suis devenu son aide technicien. Au fur et à mesure, la compagnie m’a encouragé à chercher mes cartes notamment de liquide pénétrant et j’ai pu progresser dans ce secteur. Je ne suis pas allé à l’école comme ça peut être le cas pour la métallurgie, j’ai tout appris sur le tas. Le hasard m’a mené au NDT, j’ai été là au bon moment et j’ai saisi cette opportunité.
« J’ai quitté ma job et je suis devenu son aide technicien »
Nous savons que ce secteur est peu connu, notamment auprès des jeunes, ce qui représente un réel challenge pour le secteur mais aussi une vraie opportunité lors de leur choix d’orientation. Quel est ton avis sur le sujet ?
Je pense qu’il n’y a pas assez de promotion dans les Cégep. Tu peux y trouver une multitude de cours mais il n’y en a aucun sur l’inspection. Le seul cours qui existe est dispensé par Emploi Québec mais il est davantage dédié aux personnes en reconversion, souvent âgé de 30 ans et plus. Il y a des cours de métallurgie, en revanche ils ne comprennent pas de volet inspection. De ce constat, je pense que la promotion doit venir de nous. C’est à nous, entreprises du NDT, de nous déplacer dans les centres de formation, Foires à l’emploi etc., pour faire connaître le secteur. Sur les 40 dernières années, c’est principalement un métier qui s’est transmis de générations en générations. Petit à petit, on arrive à recruter de nouveaux techniciens par d’autres moyens, notamment grâce aux efforts des ressources humaines.
Ton fils, Steven, travaille également chez Nucleom. On peut dire que tu l’as initié au milieu du NDT, penses-tu que la transmission et l’héritage- notamment familial- a une part importante à jouer dans l’attraction de spécialiste ?
La particularité de mon fils et de mes enfants d’une manière générale est qu’ils entendent parler du NDT depuis qu’ils sont nés. Mes amis proches travaillent aussi dans le NDT, Steven m’a toujours entendu parler de ça au téléphone. Il sait ce qu’est de la radiographie ou de l’ultrason. Quand il était petit, il jouait même avec une machine d’ultrasons et scannait des plaques pour s’amuser. Il était donc dès le départ plus familier avec le NDT que d’autres enfants. Ce qu’il s’est passé pour Steven est que nous (Nucleom) avions besoin de helper, je lui ai proposé et il a accepté de nous aider à côté de ses études au Cégep. Il a adoré. C’est sûr que la transmission familiale a un rôle à jouer pour initier de potentiels nouveaux techniciens au milieu, mais il ne faut pas compter uniquement sur l’héritage familiale.
« Quand il était petit, il jouait même avec une machine d’ultrasons »
Pourrais-tu nous raconter une anecdote avec ton fils, s’il vous est arrivé de travailler ensemble ?
La première fois que Steven est venu m’aidé sur un chantier, il s’est fait chambrer/ taquiner par des soudeurs parce qu’il paraît très jeune, il a 18 ans. Ils ne pensaient pas qu’il avait l’âge pour être en chantier. J’ai trouvé ça très drôle. À titre plus personnel, j’ai aimé le voir apprécier être en chantier et l’éclat dans ses yeux à la découverte de la job. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’étais émotif mais c’était très sympas de pouvoir assister à sa première fois sur chantier, surtout qu’il était en confiance. Autre anecdote, Steven est en architecture au Cégep et son professeur a appris qu’il travaillait à côté pour une compagnie d’inspection. Il lui a demandé de faire une présentation à sa classe sur le NDT et l’inspection de structure, notamment les soudures, car il était intrigué par le secteur.
Qu’est-ce qui t’as séduit chez Nucleom ? Nous offrons sûrement quelque chose que tu n’as pas trouvé ailleurs.
Ce que j’aime avant tout chez Nucleom est que c’est une compagnie Québécoise/Canadienne. Les fondateurs ont une façon de penser similaire à la mienne et ne sont pas déconnectés de la réalité des techniciens. Ils sont humains et facilement accessibles. J’aime la proximité avec les gens, le travail d’équipe et le fait que mes idées soient prises en compte. J’aime beaucoup l’histoire de Nucleom : ils ont tout bâti de zéro et en sont là aujourd’hui, tout en ayant gardé leur cœur inventif.
« Chez Nucleom, on a tous le cœur à la bonne place »
En tant que Directeur des Opérations à Montréal chez Nucleom, pourrais-tu expliquer à nos lecteurs tes tâches quotidiennes ?
Je ne suis pas un Directeur des Opérations au sens strict du terme parce que je m’occupe aussi d’un volet Développement des Affaires, pour chercher de nouveaux contrats et développer des clients. Souvent, un client va m’appeler ou appeler un de mes collègues, nous allons faire une soumission, il va falloir faire un suivi client et en cas de PO, s’assurer d’avoir la main-d’œuvre nécessaire, faire la cédule, envoyer les techniciens sur chantier, faire le rapport, la facturation, etc. Je coordonne toutes ces actions et en cas de problème je trouve des solutions. Je suis un peu comme le chef d’orchestre de la grosse harmonie complète. Je m’assure aussi que le technicien qui va faire la job ait toutes les informations nécessaires. Je suis le point névralgique : tout entre par moi et tout sort par moi au niveau des opérations, et tout revient vers moi aussi. C’est quand même un poste qui demande d’être joignable tout au long de la semaine, c’est un réel travail à temps plein (24/7). Il faut être dédié mais si tu aimes ton travail tu ne le vois pas comme une contrainte, c’est davantage une passion.
Selon toi, qu’est-ce-que le NDT a à offrir aux industries (nucléaire, pétrochimie, pipeline, raffinerie, gazière…) ? Les essais non destructifs avancés sont pleins d’avantages.
L’industrie lourde (nucléaire, pétrochimie, pâte et papier…) connait déjà bien le métier car c’est une industrie régit par des normes et des lois. Les assurances demandent également de faire des inspections pour pouvoir assurer les usines par la suite. Sans assurances, les accidents (arrêt d’équipement, affaiblissement d’une structure, accident de personnel) ne seront pas couverts par l’absence de « due diligence » des entreprises. Ce type d’accident peut s’élever à des millions de dollars en termes de coûts. Dans ce contexte, les inspections apportent une assurance – au sens propre comme figuré – aux entreprises. En revanche, d’autres industries ou les inspections ne sont pas obligatoires les perçoivent comme des coûts supplémentaires et inutiles, alors que si elles avaient inspecté leur équipement elles auraient pu éviter des arrêts de production et une perte d’argent conséquente. Le remplacement d’équipement est bien plus dispendieux qu’une maintenance ou une réparation. On peut faire sauver des millions de dollars en agissant en amont.
« Les inspections apportent une assurance aux entreprises »
Éric, si tu laisses libre recours à ton imagination, quel est selon toi le futur du NDT ?
Je ne pense pas que l’approche de certaines industries vis-à-vis des inspections (pro-inspection versus anti-inspection) va changer bien que la mentalité est en train de changer tout doucement. Aujourd’hui, la nouvelle génération pense différemment et porte un intérêt particulier à la fiabilité, aux enjeux environnementaux et d’assurance, ce qui contribue à accroître l’attrait pour les inspections. En revanche les techniques vont continuer à évoluer en termes de technologie. Nous allons assister à une augmentation de l’innovation technologique pour les méthodes d’inspection. C’est sûr qu’une machine dernière génération coûtera plus chère pour amortir les couts de R&D mais elle sera plus performante en chantier, pour une inspection plus rapide et plus précise.
Nous arrivons à la fin de notre interview, as-tu un mot de la fin pour nos lecteurs ?
Alors oui, pour quelqu’un qui veut apprendre, sortir de sa zone de confort, visiter le monde… le NDT va lui permettre de le faire. C’est un métier qui permet de rencontrer des gens de tout horizon et de travailler dans diverses industries. Le NDT est un monde stimulant, tu n’es pas derrière ton écran à faire la même chose toute la journée. J’ai pu voir des choses que je n’aurai jamais pensé voir un jour comme des mines d’or. C’est un très beau métier et très payant, sans avoir nécessairement fait une formation universitaire.